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RENCONTRE AVEC… OHOUE KOUTOUA RACHELLE, SAUVETEUR AQUATIQUE

jeudi 09 mars 2023 à 17:59:19

RENCONTRE AVEC…  OHOUE KOUTOUA RACHELLE, SAUVETEUR AQUATIQUE

Au nombre des missions des pompiers civils figure en bonne place l'assistance à personne. Cette mission consiste à secourir des personnes en détresse, victimes d'une crise, d'un accident de travail ou domestique, ou encore blessées au cours d'une activité sportive ou ludique.Au sein des pompiers civils, il existe plusieurs spécialistes des interventions en secourisme, en incendie, en sauvetage aquatique, etc.

Pour cette dernière catégorie de pompiers civils, ils sont au nombre de 40 dont une seule femme. A l'occasion de la Journée Internationale des droits de la Femme 2023, l'Office National de la Protection Civile a décidé de marquer un arrêt sur cette femme sauveteur aquatique, l'Agent Servant Ohoué Koutoua Rachelle.

Veuillez-vous présenter s'il vous plaît.

Je suis l'Agent Servant Ohoué Koutoua Rachelle, pompier civil de la promotion 2014, Numéro Matricule 409-056 G, affectée au Centre de Secours d'Urgence de Grand-Bassam, célibataire avec un enfant.

D'où vous vient cet amour de l'eau ?

Tout a commencé avec la natation à la piscine dès le jeune âge avant d'embrasser le métier de pompier civil. J'avais quelques notions basiques de la natation jusqu'à ce qu'en 2017, une formation des sauveteurs aquatiques et un test de sélection soient organisés par l'ONPC. J'ai échoué à ce test et c'est seulement en 2021 que je l'ai réussi quand il a été relancé. Depuis, je travaille à me perfectionner.

Quel est votre diplôme en matière de sauveteur aquatique ?

J'ai le diplôme de Sauveteur Aquatique de niveau 1 (SAP 1 ou Secours A Personne 1) qui donne la capacité de porter secours aux personnes en détresse en piscine, en lagune et en mer.

Comment vous sentez-vous parmi tous ces hommes ?

Le fait d'être la seule femme parmi les hommes et les voir avancer me donne le courage de les suivre. Ils m'encouragent tous et ne voulant pas les décevoir, je m'adonne au travail et aux exercices pour être à niveau.

De même, la population est heureuse et m'exprime ses encouragements en me voyant au milieu de tant d'hommes et cela est réconfortant et me donne du tonus pour avancer.

Entendre tout le monde m'encourager et me féliciter me donne la force d'aller encore plus loin dans mon domaine.

Des conseils à fournir à vos collègues femmes pompiers civils ?

J'exhorte les << petits garçons >> (femmes pompiers) à passer le test et suivre la formation de sauveteur aquatique car il s'agit d'une spécialisation noble avec beaucoup d'opportunités pour la sécurisation de nos plages et le développement des sports pompiers aquatiques.

Quels sont vos projets en tant que pompier civil et sauveur aquatique ?

C'est de pouvoir être à la tête d'une équipe de sauveteurs aquatiques, mixte et pourquoi pas féminine et prendre part aux compétitions internationales pour représenter mon pays la Côte d'Ivoire.

D'un autre côté, je veux contribuer à la sensibilisation des femmes pompiers civils, souhaitant qu'on ait une petite session des petits garçons (femme pompiers) au niveau du sauvetage aquatique. Une bonne sensibilisation des femmes pompiers les encouragerait à tenter l'expérience.

Expliquez-nous votre journée de travail.

À l'arrivée au Centre de secours, ce sont d'abord des entraînements entre nous suivis d'une remise au point sur les différents postes de surveillance par équipe.

Nous sommes ensuite déployés en début d'après-midi vers les différentes plages pour assurer la surveillance et sensibiliser dans le même temps les populations.

Une fois sur la plage, nous opérons des appels auprès des autres postes pour savoir comment se déroule la surveillance. En fonction du grand monde qu'il y'a sur une plage, on s'entraide pour travailler.

Quelques difficultés rencontrées dans l'exercice de votre travail ?

La plage est un lieu de repos et de loisirs. Certaines activités rendent la surveillance sur la plage difficile. Je prends l'exemple de ceux qui festoient et s'adonnent à de l'alcool. C'est souvent étant ivres qu'ils éprouvent le désir de nager pour se rafraîchir le corps.

Lorsqu'on les en dissuade avec nos techniques d'approche et de présentation du danger de leur acte, certains sont compréhensifs et sortent de l'eau. Par contre pour d'autres, c'est une rude discussion qui s'engage et qui dégénère souvent surtout lorsque la marée est haute et que le danger est réel.

Au cours de ma première année à Grand-Bassam, des personnes ivres se sont attaquées à un sauveteur aquatique alors qu'il leur expliquait qu'ils devraient sortir de l'eau vu leur état.

Blessé, il a été évacué à l'hôpital général de Grand-Bassam pour recevoir des soins et les auteurs ont été rattrapés pour payer les frais d'hospitalisation du sauveteur aquatique avec des excuses à l'appui.

Quel est le sentiment au niveau de la famille par rapport à votre travail ?

Ma fille me soutient et est fière que je sois la seule femme parmi les hommes et elle m'encourage.

Un dernier mot ?

J'adresse ma reconnaissance à Monsieur le Ministre de l'Intérieur et de la Sécurité pour tout ce qu'il accomplit pour le bien-être de la protection civile ivoirienne et en particulier pour tous les pompiers.

Au Directeur Général de l'Office National de la Protection Civile, Amankou Kassi Gabin, je lui dis merci pour avoir pensé à la création de cette spécialité au sein des pompiers civils.

J'en profite pour souhaiter qu'on multiplie les formations à l'extérieur du pays pour avoir des sauveteurs aquatiques bien qualifiés et bien équipés.

Je n'oublie pas les autres membres de la Direction Générale, mes collègues pompiers civils, ainsi que toutes ces braves populations de Grand-Bassam et d'ailleurs pour qui nous sommes là.

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